Ils maîtrisent la langue des signes sur le bout des doigts et en ont fait une discipline artistique à part entière : le chansigne, là où la musique prend une autre dimension.
Créer des ponts entre deux mondes, celui des entendants et des sourds, tel est le leitmotiv de ces deux Montgeronnais hyperactifs et militants. Amélie et son beau-frère Sébastien pratiquent la chanson et la comédie depuis toujours. « J’étais enfant du spectacle et j’ai appris la langue des signes pour proposer des créations aux enfants sourds et entandants. » Petite, elle est initiée à cette langue gestuelle par sa tante. « C’est devenue ma seconde langue. » A 19 ans, elle crée une école, Sign Events, qui forme aujourd’hui plus de 3 000 personnes à l’année dans toute la France.
Une forme d’art totale
Elle propose alors à Sébastien de la rejoindre dans cette aventure et lui fait découvrir le chansigne, une manière ludique de découvrir les gestes. « J’ai trouvé ça extraordinaire ! C’était mieux qu’une chorégraphie ! » dit-il.
Ils se font connaître en 2016 grâce à une vidéo publiée sur YouTube La danse du j’aime j’aime pas qui cartonne avec 1 million de vues. « C’est devenu un hymne pour les gens qui ont peu l’habitude d’être mis en valeur, comme les personnes sourdes mais aussi autistes, aphasiques ou trisomiques. » Galvanisés par ce succès, ils ont développé un spectacle pour les enfants et prévoient de sortir un DVD avec 14 titres.
Ils font aussi des reprises. Le chansigne ne peut pas être une traduction littérale d’une chanson en langue des signes mais nécessite une réappropriation du texte et du sens. « C’est un travail complet qui mêle danse, gestuelle, expression corporelle et jeu d’acteur » explique Sébastien.
Ils font des vidéos sur leur page facebook, tournées dans leur voiture rue des Bons Enfants à Montgeron, dans lesquelles ils reprennent des titres connus. Régulièrement, ils sont rejoints par des invités célèbres (Pierre Perret, Jarry, Mariane James, Lorie…) ce qui leur vaut des milliers de vues.
Sensibiliser les Montgeronnais
Leurs créations artistiques sont couplées à des actions militantes. Récemment, ils ont créé à Montgeron la fondation Shu, du nom de leur ami et collaborateur décédé dans un accident. « Ses amis sourds n’ont pas pu appeler les pompiers et il n’a pas pu être pris en charge correctement. » Leur objectif est de lutter contre l’illettrisme car la langue des signes est essentielle pour que les malentendants puissent communiquer et s’intégrer en société.
Le 18 janvier, les vœux du Maire ont été signés en simultané sur scène. Pour cette occasion, Amélie et Sébastien ont appris aux enfants du Conseil municipal de la ville à souhaiter une bonne année 2020 à Montgeron !
3 dates
2010 : Création de l’école Sign Events
2016 : 1 million de vues sur Youtube
2019 : Association Shu à Montgeron