Terre seigneuriale, terrain de bataille, cité artistique… Montgeron est une ville riche d’histoire.
Montgeron au fil des âges
La première mention historique de Montgeron remonte à 1147. Les chercheurs ont pu retrouver, dans un parchemin de l’abbaye de Saint-Maur, une allusion au « Mont Gisonis ». Ce n’est alors qu’une simple vigne entourant une chapelle sur le Mont de Gison. Un siècle plus tard, les statuts de paroisse y seront établis.
Du Moyen-âge à la Révolution
Sur les terres de Montgeron, plusieurs seigneurs se succèderont. Ainsi, sur le domaine seigneurial, qui a précédé au Lycée, les Bude, seigneurs d’Yerres, y construisirent un château au XVIe siècle. Leurs successeurs, de grands commis de l’État (les Brulart, les Carré) ou de puissants financiers (Parat de Vareilles) y édifièrent, sous Louis XIV, une grande demeure. Ils placèrent celle-ci au coeur d’un vaste jardin à la française et à la tête d’une longue avenue, qui conduisait à la forêt de Sénart. Cette longue avenue nous est restée. Il s’agit de la Pelouse.
A la veille de la révolution française, l’ensemble est réputé pour sa magnificence. Son territoire dépasse la centaine d’hectares. Le dernier témoin de cette époque est le pigeonnier toujours présent dans le jardin du Lycée.
Epousant le tracé du « chemin de Bourgogne », Montgeron fait alors partie de la banlieue aristocratique de Paris. En ces temps lointains, les épreuves n’ont pas manqué : les batailles de Villeneuve en 1652, le tumultueux épisode révolutionnaire, la célèbre affaire du courrier de Lyon…
Une cité bourgeoise à deux pas de Paris
Au XIXe siècle, Montgeron est appréciée par de nombreuses familles bourgeoises qui y installent leur demeure secondaire. Pour preuve, les quelques belles maisons d’époque qui agrémentent encore aujourd’hui le paysage de la ville. C’est durant cette période que Claude Monet peindra dans le parc du Carmel le fameux tableau « Les dindons », en 1877. L’homme était alors venu se reposer à Montgeron.
Village de la Brie, Montgeron a longtemps conservé des activités agricoles. Les gros fermiers cultivaient les céréales et élevaient les moutons, les petits exploitants étaient viticulteurs. Cette ruralité se devine encore dans le vieux centre avec ses maisons à lucarnes, ses cours, ses ruelles…
En 1903, le premier Tour de France prend son départ à la célèbre auberge du Réveil Matin, enrichie depuis par une sculpture érigée lors du centième anniversaire.
La Pelouse
Ancienne entrée du château de Montgeron aujourd’hui disparu, la Pelouse traverse la commune sur 1,3 kilomètre de la place de l’Europe jusqu’à la forêt de Sénart. Site exceptionnel par la longueur et la beauté de sa perspective arborée « à la Le Nôtre », la Pelouse est aussi appelée « avenue de la Grange ». C’est un lieu de promenade très apprécié.
Allée de chasse royale
Vers 1700, le seigneur Guy II Carré fit ouvrir trois grandes avenues à partir de la cour d’honneur du château, aujourd’hui disparu. La Pelouse correspond à la branche centrale de cette patte d’oie. Point de départ pour la poursuite du gibier sous Louis XIV, Montgeron devint l’une des bases privilégiées de chasse en forêt de Sénart sous Louis XV. C’est lui d’ailleurs qui fera prolonger l’avenue seigneuriale jusqu’à la forêt.
Une terre de pâturage
Avec la Révolution française, notre avenue perdit ce statut. Selon certains écrits, elle devint une terre de labours vers 1850. Plus tard, elle servit ‘‘d’aire de pâturage pour les troupeaux de la ferme’’ du château, ‘‘fonction qu’elle conserva encore au début du XXesiècle.’’
Lieu de rassemblements populaires
Vendue par la famille de La Grange à la commune en 1918, elle doit rester un lieu de verdure et de promenade. L’avenue se transforme au début du XXe siècle en site de festivités publiques : cérémonies, défilés, bals, grands banquets et rassemblements populaires y furent largement célébrés.
Un site européen
Dans la nuit du 25 au 26 décembre 1999, la Pelouse fut touchée par la tempête dite Lothar. Face aux dégâts, une action conjointe entre les services de la ville et l’Etat fut mis en place pour remplacer les arbres abattus. Cet événement resserra les liens d’amitié entre Montgeron et les communes allemandes d’Eschborn et Viernau. Celles-ci offrirent spontanément une aide financière de 3000 marks ainsi qu’une quinzaine d’arbres à planter le long de la Pelouse.
Détente et balades
Ouverte au public, la Pelouse offre un cadre idéal de promenade pour les Montgeronnais. Au cours de l’année, plusieurs manifestations y sont organisées comme les journées du patrimoine et la fête de la musique.
Le château et le parc de Rottembourg
Au XIXe siècle, ce château appartenait au Général de Rottembourg. De 1868 à 1877, le château est la résidence d’Ernest Hoschedé, négociant parisien et grand collectionneur, ami de Claude Monet.
Durant l’été 1876, l’artiste y peint 4 toiles pour décorer le salon, dont les célèbres Dindons, exposés au Musée d’Orsay. Jusqu’en 1988, le domaine abrite les carmélites de Saint-Denis. Le site accueille aujourd’hui des prêtres en retraite ainsi que les religieuses de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus.
Le parc est ouvert au public lors des journées du patrimoine.
La Maison du Moustier
Cette belle demeure du début du XVIIIe siècle fut acquise par Jacques Dulong, maire de 1800 à 1808, qui en fit refaire la façade dans un style Directoire.
Entre 1879 et 1897, le peintre Carolus-Duran, portraitiste du Tout-Paris, venait y passer ses étés. On peut encore distinguer, sur le pignon, le percement commandé par l’artiste pour sortir ses tableaux.
Ce bâtiment est le premier – et a longtemps été le seul – inscrit au titre des Monuments historiques sur la ville.
Le Moulin de Senlis
Situé à l’emplacement d’un ancien gué sur la voie romaine entre Paris et Sens, ce moulin à eau fut très actif jusqu’au XIXe siècle. Ainsi, son porche, surmonté d’un arc brisé, agrémenté de blasons, de chimères et d’anges, fortifié d’une tour ronde au toit pointu, nous rappelle que le XIXe siècle aimait recréer le Moyen-Age à sa manière.
Autrefois, l’Yerres comptait plus d’une vingtaine de moulins sur ses berges dont les plus calmes étaient occupées par les moulins à farine. Certains de ces moulins sont encore présents aujourd’hui, ils ne sont plus en fonctionnement et ont tous été fortement remaniés.
A proximité du plateau céréalier de la Brie et du marché parisien, le moulin jouait alors comme les autres moulins de la vallée un rôle économique important. L’existence d’un moulin à cet emplacement est attesté dès la fin du XVe siècle. Jusqu’à la Révolution, le moulin appartient à différentes seigneuries des environs.
Il est modernisé à plusieurs reprises au cours du XIXe siècle (ajout de deux niveaux et de deux roues, puis remplacement par une seule roue plus performante).
En 1901, Eugène-Émile Esnault-Pelterie, l’architecte du Musée Grévin à Paris, devient propriétaire et donne au Moulin de Senlis sa silhouette néo-gothique actuelle (ajout de créneaux, arcs boutants, rosace…). Il en fait un lieu de villégiature mondaine qui accueille des hôtes célèbres. Cette période prend fin après la Première Guerre Mondiale. La veuve d’Esnault Peleterie revend la propriété en 1926.
D’autres propriétaires se succèdent entre 1927 et 1953, date à laquelle Sophie Michaïlovna Zernov, médecin russe, achète le domaine pour le compte d’une association russe. Cette association caritative, « Centre d’Aide », a été fondée dans les années 1920 pour venir en aide aux orphelins des pays de l’Est.
En 1957-58, une chapelle orthodoxe dédiée à Séraphin de Sarov est construite par l’association. Elle accueille une iconostase remarquable peinte par le père Grégoire Krug. Le domaine comprend alors également un internat et accueille des réfugiés politiques.
Des litiges internes à l’association apparaissent au milieu des années 2000, entraînant de nombreuses actions en justice. Dans ce contexte, la situation de l’association est fragilisée et les bâtiments souffrent d’un manque d’entretien grave. Des arrêtés d’insalubrité sont pris par l’Etat dès 2013. En juillet 2016, les bâtiments, toujours insalubres, sont évacués par l’Etat.
Le 4 mai 2018, la ville préempte le bien à l’issue de la vente aux enchères et en devient propriétaire.
Le 10 décembre 2018, le Préfet de Région inscrit le domaine au titre des Monuments Historiques. Cette protection concerne spécifiquement les façades et toitures du bâtiment principal, le portail d’entrée et la tourelle, l’église.
L’Eglise Saint-Jacques le Majeur et la place de Rottembourg
L’ancienne église, vétuste, est détruite en 1855. Ses pierres sont utilisées pour bâtir la nouvelle église Saint-Jacques, achevée en 1856.
C’est un édifice néo-médiéval dont l’élément le plus remarquable est le décor intérieur, réalisé en 1941. Vitraux, peintures murales et mosaïques mêlent motifs spirituels et thèmes politiques, comme la condamnation du nazisme.
La place de Rottembourg est ainsi nommée en l’honneur du général Henri de Rottembourg, baron d’Empire, propriétaire du château de 1823 à 1856. Il fit don à la commune d’une partie de son domaine, pour que soient construites une nouvelle église, une mairie et une école.
Le château de Chalandray
Le hameau de Chalandray a longtemps été indépendant du village de Montgeron. Ce n’est qu’à partir de la Révolution française qu’il a été rattaché à la commune. A cette époque, le centre de Montgeron était situé aux alentours de l’actuelle rue de l’Ancienne Église.
Chalandray était un petit hameau excentré. Son périmètre s’étendait de l’actuelle avenue de la République jusqu’à la plaine en bord de l’Yerres. Il était bordé au Nord par la route de Crosne (actuelle rue du Général Leclerc) et s’étendait au Sud jusqu’à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le marché Saint-Hubert. Essentiellement agricole, le hameau de Chalandray comportait deux fermes : la ferme de Longueville et la ferme de Chalandray.
L’origine de la construction du château de Chalandray remonte à 1730. A cette époque, Jacques Parat de Vareilles, receveur général des Finances du Royaume, fait l’acquisition du domaine. Il décide d’y faire construire une vaste demeure bourgeoise, désignée de nos jours sous le nom de Château de Chalandray. Le domaine fut cédé à la commune en 1946. Malgré son apparence classique, la façade actuelle est un pastiche réalisé au XIXe siècle. Charles Bastier de Bez, conseiller municipal de 1848 à 1871, expérimenta la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie dans le parc qui descendait autrefois jusqu’à l’Yerres.
Depuis 1989, le château abrite le conservatoire de musique, de danse et de théâtre Pablo Casals. Le parc, quant à lui, était beaucoup plus important à l’origine.
A partir de la Révolution et du rattachement de Chalandray à la commune de Montgeron, le domaine fut démantelé peu à peu. L’arrivée du chemin de fer à Montgeron en 1849 a contribué à modifier profondément ce secteur. En 1926, le propriétaire du château, Jean-Baptiste Herrgoot, décide de vendre une grande partie du parc à un promoteur, afin qu’un lotissement y soit construit. Des voies nouvelles furent tracées, portant les noms d’illustres écrivains Français, donnant ainsi naissance au quartier des écrivains.
Le Monument aux morts
Environ 750 Montgeronnais ont été mobilisés pendant la Grande Guerre. 150 d’entre-eux n’en reviendront pas, tombés sur les champs de bataille de la Marne, de l’Artois, de l’Argonne, de la Somme… Beaucoup d’autres rentrent à Montgeron blessés ou mutilés.
Le 16 février 1919, le Conseil municipal décide la création d’un monument aux Morts. Contrairement à beaucoup de villes de l’époque qui achètent des monuments « prêts à construire », la commune fait le choix de confier le projet au montgeronnais Paul-Marcel Dammann. Sculpteur et graveur en médailles, cet artiste de renom est né à Montgeron en 1885. Élève de Jules Chaplain, l’un des plus grands médailleurs de la fin du XIXe siècle, il obtient le Grand Prix de Rome en 1908. Combattant de la Grande Guerre comme ses quatre frères, Paul-Marcel, porté disparu dès les premiers engagements sur la Marne, est en réalité prisonnier et passe tout le temps de la guerre en captivité. Des circonstances qui l’incitent à accepter ce projet en dépit du fait qu’il n’est pas un spécialiste de la sculpture. Ce monument aux Morts est donc l’une des rares réalisations de Dammann dans ce domaine, rendant cette œuvre d’autant plus rare et singulière.
Le jury montgeronnais retient son projet de Monument aux Morts à l’été 1921. Inaugurée le 3 décembre 1922, l’œuvre frappe par sa qualité artistique et par le style très personnel de son auteur. Au centre d’une travée dorique, une Victoire aux ailes déployées distribue les lauriers glorieux aux héros montgeronnais dont les noms sont gravés sur l’embasement. Selon Josèphe Jacquiot, qui aimait beaucoup ce monument, « Dammann a voulu que cette personnification de la Victoire soit belle, hiératique, grave et invite au recueillement, mais aussi qu’elle soit humaine ».
La place des Tilleuls
Cette place fut le premier centre de la vie villageoise : face à l’entrée latérale du château seigneurial, se dressait l’église du XIIe siècle, détruite en 1855.
Un monument commémoratif, orné d’un Saint-Jacques sculpté, rappelle l’emplacement de cette ancienne église aujourd’hui disparue. Trois éléments de colonnes provenant de l’ancien sanctuaire ont été réemployés dans le monument, conçu par Christian Henry et assemblé par Constantin Spourdos. La sculpture est l’oeuvre de Catherine Perruche. Une plaque émaillée, d’après gravure ancienne, a été réalisée dans les ateliers de l’abbaye de Ligugé.
Le Domaine des Prés
Ancien domaine bourgeois, c’est aujourd’hui un ensemble d’enseignement scolaire catholique qui compte un établissement maternel, élémentaire et un collège.
Cet ancien domaine bourgeois devint, en 1775, le siège de la capitainerie royale des chasses de Sénart. Entre 1824 et 1852, Guyot de Villeneuve agrandit le parc et y créa la poire Beurré de Montgeron. En 1930, le domaine fut acquit par la communauté des sœurs Servantes du Saint-Cœur de Marie, qui y fondèrent l’école et firent construire une chapelle.
Un parcours patrimoine
Des panneaux sont installés en ville devant les lieux marquants de notre patrimoine municipal. Chacun renvoi vers une page détaillée sur l’histoire du lieu.