Virginie Goujaud, spectacle total

Professeure de danse au conservatoire depuis 35 ans, Virginie Goujaud en est la nouvelle directrice. Elle compte ouvrir l’institution sur la ville et favoriser l’épanouissement artistique des élèves.

La passion de Virginie Goujaud pour la danse a commencé par un choc artistique. A 15 ans, elle découvre La Flûte Enchantée chorégraphiée par Maurice Béjart au Châtelet. Sur une scène à deux niveaux, tous les arts du spectacle sont réunis. « En rentrant, j’ai dit : c’est ce que je veux faire ! et quand on m’a demandé quoi ?, j’ai répondu tout, de la danse, du théâtre, de la musique, de la chorégraphie, des décors… », se rappelle-t-elle avec émotion.

Dès son enfance, elle fait de la gymnastique et ses professeurs décèlent en elle une danseuse. « Mais mes tantes, qui étaient elles-mêmes des danseuses – très – classiques, m’ont dit alors que je n’avais pas le physique, que je n’étais pas assez mince, regrette-t-elle. C’était l’époque planches à pain. Heureusement, on en est revenu. »

Premier pas de danse

À l’adolescence, la famille déménage dans la région. « Nous passions d’un appartement le long des voies de chemin de fer à la forêt, la rivière… Je me suis tout de suite sentie bien dans ce cadre que je n’ai pas quitté depuis. »

Elle commence alors au conservatoire de Yerres des cours de danse où elle rencontre Jean-Claude Ramseyer, professeur de danse et d’arts plastiques, qui sera son maître et développera sa culture chorégraphique et musicale. Alors les choses s’accélèrent. L’année suivante, elle entre au conservatoire à rayonnement régional de Saint Maur avec des horaires aménagés, et quand son maître devient inspecteur de la danse, il lui propose de le remplacer dans ses cours. Et c’est une nouvelle révélation : « J’adorais ça ! J’ai eu cette chance extraordinaire d’apprendre tout en enseignant. »

Mais, à 18 ans, une blessure met un terme à ses ambitions de danseuse. Elle poursuit néanmoins ses études universitaires en histoire de l’art et à Paris Sorbonne Danse, un cursus qui mêlait alors histoire, scénographie et décors.

Aux Ateliers Municipaux de Danse

Grâce à M. Vala, kinésithérapeute à Montgeron, elle retrouve l’usage de sa hanche, et peut reprendre la danse. En 1989, Virgine Goujaud devient professeure aux Ateliers Municipaux de Danse de Montgeron, dirigés par Marie-Hélène Gaume, qui plus tard, fusionneront avec le conservatoire.

Son expérience ne se limite pas à l’enseignement de la danse. Dans les années 2010, elle explore la voie théâtrale et se retrouve comédienne-danseuse dans Le Cid au théâtre du Marais, puis joue La Mouette de Tchekhov.

Elle est aussi approchée par une école de danse à Tainjin en Chine, la plus grosse ville industrielle du pays, non loin de Pékin. « Pendant trois ans, à distance et sur place lors des vacances scolaires, j’ai dirigé une équipe de 20 professeurs et 1 000 élèves, jusqu’à monter pour le nouvel an 2020 un spectacle à l’Opéra de Tainjin, retransmis à la télévision locale. Il faut une très forte capacité d’adaptation pour réaliser un tel projet, » raconte Virginie. Mais le Covid met un terme à cette expérience et elle revient prématurément début janvier 2020 alors que l’épidémie explose sur place.

Aller vers le public

Ces multiples expériences l’amènent naturellement à postuler au poste de directrice d’un conservatoire. « Montgeron est un conservatoire à part, très orienté sur l’épanouissement artistique. Nous montons des projets transverses, des spectacles qui mêlent toutes les disciplines. Et je crois profondément que c’est par l’artistique que l’on apprend la technique, et non l’inverse. L’art doit être un épanouissement, quel que soient son âge ou son physique, » professe celle qui se souvient avoir été brimée dans ses ambitions quand elle était plus jeune. « J’ai aussi été boursière. Je trouve essentiel que, dans un conservatoire comme le nôtre, tout le monde puisse accéder à un enseignement artistique grâce à un tarif adapté. »

Le 4 septembre dernier, elle prend son poste de directrice, succédant ainsi à Jacqueline Toussaint qui profite d’une retraite bien méritée. « C’est une chorégraphie du quotidien, avec les équipes pédagogiques, techniques et administratives ! » Et elle ne manque pas de projets : « Le conservatoire doit aller vers le public. » Elle imagine des spectacles en 2024 rendant hommage aux Impressionnistes ou célébrant les 40 ans de l’enseignement de la danse à Montgeron. Le conservatoire, tout juste rénové, s’ouvrira aussi pour des expositions photos et des animations hors les murs sont au programme pour amener jusqu’à la fête de la ville.

Elle compte ainsi recréer au conservatoire l’esprit de La Flûte Enchantée, fusion réussie de la danse, de la musique et du théâtre, qui a toujours été le fil rouge de son art.

Je crois profondément que c’est par l’artistique que l’on apprend la technique, et non l’inverse. L’art doit être un épanouissement, quel que soient son âge ou son physique.

Virginie Goujaud, directrice du conservatoire Pablo Casals
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