Ce domaine bourgeois devint, en 1775, le siège de la capitainerie royale des chasses de Sénart. Depuis le règne de Louis XV, Montgeron était une des bases des chasses du roi, dont la grande meute était établie, l’été, dans la ferme seigneuriale (installée dans le parc de l’actuel lycée Rosa Parks). À partir de 1824, Guyot de Villeneuve agrandit le jardin, y planta plusieurs centaines d’arbres, tant fruitiers que décoratifs, et y créa une nouvelle variété de poire, la « Beurré de Montgeron ».
Diverses expériences agronomiques furent tentées vers le milieu du XIXe siècle par de riches propriétaires. Leur but était scientifique : acclimater ; et spéculatif : fournir des produits de qualité à l’exigeant marché parisien. C’est ainsi qu’à Montgeron, ils s’intéressèrent à l’élevage du ver à soie, au haricot vert, à l’oranger. Le plus remarqué fut Guyot de Villeneuve, possesseur du domaine des Prés (actuelle institution Sainte-Thérèse). Ce membre éclairé de la Société d’Horticulture, d’ailleurs proche du pouvoir, possédait un jardin potager, d’agrément et même d’essai, qui fut certainement le plus étonnant que Montgeron ait jamais connu. Ayant repéré, noyé dans une haie de la région de Sancerre, un vieux poirier, il le greffa et éleva une poire de belles forme et apparence, vert clair et vermillon sur la face exposée au soleil, jaune d’or à maturité. Sa chair blanche, fine et fondante, parfumée, lui avait fait mériter la qualité de « Beurré ». Exposée en 1840 à Paris, elle obtint un prix en 1852. Puis cette poire tomba injustement dans l’oubli, à la différence de la « Guyot » (qui est une toute autre poire). De nos jours, un descendant direct de Guyot de Villeneuve a pu prélever sur un autre vieux poirier, abandonné au fond du parc de Sainte-Thérèse, des rejets de la « Beurré » qu’il a transportés dans sa propriété de l’Yonne. Il faut fermement espérer que, régénérés, ils porteront dans quelques années de beaux et bons fruits.
Renaud Arpin
En 1929, le domaine fut acquis par la communauté des sœurs Servantes du Saint-Cœur de Marie, qui y fondèrent une école et firent édifier une chapelle en 1930. Cette œuvre de l’architecte Henri Vidal, qui réinterprète les formes médiévales dans l’esprit épuré de l’Art Déco, s’orne de deux vitraux réalisés par l’atelier Grüber.