Parcours patrimoine : Parc Lelong

Sur ce terrain se dressait la villa et le parc d’une propriété appartenant à la famille Lelong, une famille exemplaire pendant la seconde Guerre Mondiale. Acheté par la commune, le lieu est désormais dédié à l’enfance et à la famille.

La belle demeure de François Gracchus Cabrol

Parmi les inventeurs montgeronnais célèbres mis en avant lors de la dernière fête de la Ville par la Société d’histoire locale figure François Gracchus Cabrol. À la fin de sa vie, cet industriel fut le propriétaire de la villa qui se trouvait à l’emplacement du parc Lelong.

François Gracchus Cabrol (1793-1882) est renommé pour avoir introduit en France la sidérurgie moderne. Fils d’un marchand drapier de Rodez, il entre à Polytechnique en 1810. Il entame d’abord une carrière militaire, rejoignant les armées de Napoléon pour les campagnes de 1813 et 1814. Il se distingue notamment au combat de Wilhelmsburg, le 17 février 1814. Il quitte l’armée en 1823. Il se rend alors en Angleterre pour étudier les techniques modernes de sidérurgie. A son retour, il s’associe au duc Elie Decazes qui souhaite développer l’activité minière dans l’Aveyron. Dans cette région qui recèle à la fois du charbon et du minerai de fer, Cabrol met à profit son expérience anglaise pour développer un vaste complexe minier. Une ville entière, nommée Decazeville, sortira de terre à partir de 1826. François Gracchus Cabrol y construit des hauts-fourneaux et des voies de chemin de fer comportant tunnels et viaducs. Devenu député de la circonscription, il revient s’installer à Paris. A la fin de sa carrière, il rachète une propriété bourgeoise à Montgeron en 1875.

Une belle villa Montgeronnaise

Cette propriété est située à l’emplacement de l’actuel parc Lelong, du nom des derniers propriétaires de cette villa aujourd’hui détruite. Ce domaine est ancien : il figure dès 1708 sur une carte de la Forêt de Sénart. Plusieurs propriétaires font évoluer les lieux au fil des XVIIIe et XIXe siècles, notamment le baron de Villequier, qui y réside de 1860 à 1875, année où il vend la propriété à François Gracchus Cabrol. Celui-ci fait détruire la maison qui s’y trouve et ordonne la construction d’une belle demeure bourgeoise. La nouvelle bâtisse donne son nom à la rue, qui devient la rue de la Villa (nos actuelles rues Lelong et Deguy). Les Cabrol y résident principalement l’été.

Vente à la famille Lelong

Un rare cliché de 1879, réalisé par le fils de François Gracchus Cabrol, Elie, nous montre une maison imposante, semblable aux autres grandes propriétés du quartier, comme la maison Flourens (aujourd’hui également disparue) ou le château de Chalandray, l’actuel conservatoire. En 1905, Elie Cabrol décède et ses héritiers vendent la propriété en 1908, à Michel Lelong, un général d’artillerie. Son fils, Pierre, général lui aussi, participe à la Première guerre mondiale. Avec son épouse Elise et leur fille unique Jacqueline, ils furent de grands Résistants au cours de la Seconde guerre mondiale. La villa, elle, faute d’entretien, se dégrade dans la seconde moitié du XXe siècle. Elle est littéralement vidée de son contenu par un gang de pilleurs professionnels en 1985. Le 6 novembre 1989, la Ville rachète le terrain, qui deviendra quelques années plus tard le parc Lelong, que nous connaissons aujourd’hui.

LA FAMILLE LELONG DANS LA RÉSISTANCE

En 1940 la France en guerre est occupée par l’armée allemande. Certains résistent et combattent pour que notre pays recouvre sa liberté. La famille Lelong est de ceux-là. Le Général Pierre Lelong répond dès 1940 à l’appel du Général de Gaulle, rejoint les Forces Françaises Libres, et combat jusqu’à la Libération.

Elise Lelong, sa femme, entrée en clandestinité depuis 1941 au sein du réseau CND Castille, transforme la propriété où nous sommes, en foyer actif de la Résistance. Jacqueline Lelong, leur fille, jeune française énergique et courageuse, s’engage à 16 ans en 1941 dans le réseau du Colonel Rémy. Toutes deux seront dénoncées et déportées au camp de concentration de Ravensbrück d’où elles reviendront grand-invalides de guerre.

LE GÉNÉRAL PIERRE LELONG (1891-1947)

Fils de militaire, il sert dans une vingtaine de théâtres d’opérations.

En 1914, il combat sur le front de Champagne mais est fait prisonnier et détenu dans la forteresse d’Ingolstadt où sont rassemblées les « fortes têtes » comme un certain Capitaine De Gaulle. Après-guerre, il part en Russie, au Japon, aux États-Unis avant de faire carrière en Afrique.

« Officier Général des Troupes Coloniales au prestigieux passé militaire.

Après s’être remarquablement comporté au feu en 1914-1915, a brillamment participé aux opérations du Levant et du Maroc.

Fidèle aux traditions de son arme, a servi avec autant d’enthousiasme que d’abnégation sur la plupart des territoires de notre Empire, se signalant sans cesse par ses qualités de chef et d’administrateur.

Commandant de Régiment en 1939 – 1940 s’est, après l’Armistice, consacré utilement à la coordination des mouvements de la Résistance nord-africains. Ayant rejoint Gibraltar le 8 septembre 1942, s’est aussitôt engagé dans les Forces Françaises Libres. D’abord chargé de mission spéciale à Madagascar, a participé ensuite à la campagne de Tunisie, se distinguant avec la 1re Division Française Libre. Nommé Commandant Supérieur à Madagascar puis Gouverneur Militaire de la Corse, a été tué le 22 mai 1947 dans un accident survenu, alors qu’il allait se rendre compte personnellement de l’installation d’un nouveau service de santé pour ses anciens soldats. »

Citation à l’ordre de la Nation

Grand officier de la Légion d’honneur, plusieurs fois cité et blessé, mort au service de la France.

ELISE LELONG (1890-1986)

Capitaine des Forces Françaises Combattantes, entre en 1941 dans le réseau CND Castille (Confrérie Notre-Dame) et transforme la maison familiale la « Villa Chalandray » en foyer actif : elle recrute des membres, abrite des chefs de réseaux, des réfractaires, des familles juives, recueille des parachutistes et prépare leur départ pour Londres, accepte un poste émetteur, établit de nombreuses cartes d’identité et faux papiers. Elle refuse d’héberger les autorités allemandes et passe pour ce motif devant le tribunal militaire ennemi le 7 novembre 1941.

Dénoncée, elle est arrêtée le 9 mai 1944, déportée au camp de concentration de Ravensbrück et condamnée à 6 mois de travaux forcés.

Elle rentrera grand-invalide de guerre en mai 1945.

Décorée de la Légion d’honneur par le Général de Gaulle, Croix de guerre avec palme, Médaille de la Résistance, Commandeur des Anciens Combattants SR de France Reconnaissance Alliée Grande Bretagne – USA.

JACQUELINE LELONG (1925-1971)

« Sous-Lieutenant des Forces Françaises Combattantes, réseau CND Castille, participe dès 1941 à la lutte clandestine contre l’ennemi en camouflant et ravitaillant de nombreux agents recherchés par la Gestapo, convoyant des aviateurs alliés. Établit de nombreux faux papiers et capte des mes- sages clandestins par radio.

Arrêtée sur dénonciation avec 7 membres de l’OCM (Organisation Civile et Militaire) au cours d’une réunion à son domicile le 22 juin 1944, mise au poteau d’exécution, fit face à l’ennemi avec un sang-froid remarquable en dépit des tortures et des menaces de mort. Déportée au camp de concentration de Ravensbrück, elle reviendra grand-invalide de guerre. »

Citation Croix de guerre 39-45

Officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palme, Médaille de la Résistance, morte pour la France.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×